Concours d'écriture 2025 - Femme(s) de Nyon
Règlement
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Texte littéraire de 4'000 SEC maximum
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Document Word - Police: Times New Roman interligne 1.5
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Titre: Femme(s) de Nyon
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Thème obligatoire : le sujet est une femme ou des femmes à Nyon dans le passé, le présent ou le futur. Le lien avec la ville doit être explicite
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Pas de nom ni aucune identification sur le document. Les coordonnées de l'auteur figurent dans de l'e-mail uniquement
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Un seul texte par personne
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Texte original, jamais publié ni envoyé à d'autres concours d'écriture
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Limitation géographique : Suisse Romande (ou personnes ayant un lien fort avec la Suisse Romande)
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Texte à envoyer à : info@etc-nyon.ch avant le 25 septembre 2025 à minuit
Récompense
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Le texte gagnant sera publié par la château de Nyon dans le livre « Femmes de Nyon » .
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Une mention sera faite pour les textes en 2è et 3è position
Dates
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Date de lancement : le mercredi 2 avril 2025
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Date de clôture : le jeudi 25 septembre à minuit
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Remise du prix : le samedi 1novembre 2025
FEMMES DE NYON
Texte gagnant
Une femme de Nyon en 1900
Henri-ette Fon-jallaz. C’est-y qu’c’est une fille
ou c’est-y qu’c’est un gars ? HOU !
Ils scandent ce refrain
alors que je débouche place de la Fontaine.
Tous les jours.
Aussi longtemps que je me souvienne.
Henri-ette Fon-jallaz. C’est-y qu’c’est une fille
Ou c’est-y qu’c’est un gars ? HOU !
C’est le « HOU » qui me blesse le plus.
Le « ou » que j’ai tu si longtemps.
Enfants, on jouait ensemble,
on grimpait aux arbres,
on faisait les fous place Pertemps,
on chapardait les cerises chez le père Dupraz.
Avec mon frère Antoine, je partageais
ses jeux et ses copains.
Mais aussi, j’aimais jouer à la marelle.
Ce mal-être, il a toujours été là.
je ne me suis jamais sentie
là
où j’aurais dû être.
Comme si j’étais autre.
Comme si j’étais bloquée
dans le corps d’un autre.
Petit, on m’habillait en robe,
comme bien d’autres garçonnets.
On laissait pousser mes cheveux
et ça me plaisait.
Mais ça n’a pas duré.
Un jour, la vérité
s’est imposée.
J’ai eu la certitude d’être une fille
dans une enveloppe de garçon.
Je ne la comprenais pas
mais je l’ai admise.
Je l’ai faite mienne.
Et puis, ça faisait trop mal.
Alors je l’ai annoncé,
je l’ai dit haut et fort.
Mais ça a été mal reçu.
Scandale dans la famille.
On m’a traitée
de malade mentale
de dégénérée
de vicieuse
de perverse.
Mes parents m’ont tourné le dos
Mes oncles et mes tantes aussi.
Seul mon frère m’a soutenue.
Et il ne m’a jamais lâchée.
Je lui dois ma place d’ouvrière
à la fabrique de porcelaine.
Quand on me le demande,
je porte les gros sacs de kaolin
et de feldspath.
Sinon je peins des bleuets et des roses
et des filets dorés sur des sucriers,
sur des bols à bouillon,
sur des trembleuses,
sur des saucières.
J’aime ce travail, j’y suis habile.
On s’étonne de voir une tasse fragile
dans mes grandes mains.
Mais je n’ai jamais rien cassé.
J’aime les habits amples
qui me permettent de respirer.
Je m’habille en femme
mais je ne porte pas de corset.
Les bourgeoises tournent de l’œil
à force de se comprimer les côtes.
Je laisse mes cheveux, très longs,
tomber en cascade sur mes épaules.
Vêtements lâches,
chevelure aussi,
moeurs pareilles, pense-t-on.
C’est mon frère qui me retient
au bord du précipice.
J’appelle souvent la mort,
c’est lui qui me répond.
Il me défend face aux regards fuyants,
aux ricanements,
aux voix grasses.
Il me fait oublier mon envie de partir
en nous déguisant en pirates de Rive
et en posant devant le
photographe Kunz
à la rue Saint-Jean.
Il me dit : « Allez, ne t’en fais pas.
Un jour, les choses vont changer. »
Mais je ne vois rien changer.
Quolibets, haine ou mépris
sont mon lot quotidien.
Je mène une vie de recluse.
Je vais au travail
je fais quelques courses
je rentre chez nous
je prépare notre repas du soir.
Je ne passe plus au bord du lac.
L’autre jour,
des voyous m’ont poursuivie,
m’ont jeté des pierres,
ont menacé de me déshabiller
« pour voir ».
J’aurais pu me battre.
Mais ils étaient huit.
Henri-ette Fon-jallaz. C’est-y qu’c’est une fille
ou c’est-y qu’c’est un gars ? HOU !
Un jour, je les laisserai faire.
Un jour, je les laisserai me violenter.
Un jour, je les laisserai me tuer.
Je l’ai vu dans leurs yeux.
Leurs yeux disaient
que les êtres différents
ne doivent pas exister.
Ling Perrelet
2023

Concours d'écriture
A l'automne 2023 le Chalet Mont Blanc, siège de ETC.!
a fêté ses100 ans. A cette occasion ETC. ! a organisé un concours d’écriture.
Avec un maximum de 100 mots, il fallait écrire une histoire forte, passionnante, émotionnelle, fantastique et/ou humoristique.
Le texte devait avoir un rapport avec la photo du chalet mais tous les genres d'écriture étaient autorisés.
Le jury se composait de : Hélène Dormond, Kristine Groenhart et Valentin Decoppet.
L'écrivaine Alice Bottarelli a annoncé le gagnant le 7 octobre 2023 au cours d’une après-midi littéraire au chalet durant laquelle elle a présenté son roman "Les quatre filles Berger".
Encore une histoire de chalet...
Avec l'accord de son auteur, le texte gagnant est publié ci-contre
Texte gagnant
Ensemble
Mon premier geste : passer ma paume sur la façade.
Je ne me souviens plus d’une serrure. Que (vaguement maintenant) de ma solitude. Et du bois. Chaud. Palpitant. Et d’avoir vu l’arche au-dessus du balcon luire à la lune comme une lame.
Le lendemain je trouvai aux planches un air heureux d’être là, toutes ensemble. Je posai ma joue tout contre elles, et sentis le chalet se soulever, comme une poitrine se gonfle de bonheur. Je souris. Me laissai glisser contre le mur. Dans le mur.
Une nouvelle visiteuse.
Son premier geste : passer sa paume sur ma face.
Antoine Paris
Règlement
Jury
Le jury est composé de 3 personnes : l'écrivaine Hélène Dormond ("L'envol du bourdon", "Liberté conditionnelle", "Zône de contrôle", "L'air de rien", "Sous le pavés, la rage", "Le retour du bourdon") , l'écrivain et traducteur Valentin Decoppet ("Les déshérités") et l'écrivaine néerlandaise Kristine Groenhart (11 livres publiées dan la langue de Vondel.
Chacun remplira une fiche afin de justifier son choix .
Le texte gagnant sera annoncé par Alice Bottarelli le 7 octobre 2023 à l'occasion de la présentation, au chalet Mont-Blanc, de son livre : "Les quatre sœurs Berger".
Alice Bottarelli remettra au gagnant du concours son livre dédicacé ainsi qu'un bon d'achat de livres d'une valeur de 75 CHF.
